TAULIGNAN, LA TRANCHEE DE SALLES, 7ème compagnie 9ème Panzer Division 12 juin

BBC GéNéRAL DE GAULLE 6 juin 1944:
"Pour les fils de France, où qu'ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous les moyens dont ils disposent. Il s'agit de détruire l'ennemi, l'ennemi qui écrase et souille la patrie, l'ennemi détesté, l'ennemi déshonoré".
.../
La première (condition) est que les consignes données par le Gouvernement français et par les chefs français qu'il a qualifiés pour le faire soient exactement suivies.../
Intégralité du discours en cliquant sur le lien ci dessous
http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/accueil/discours/pendant-la-guerre-1940-1946/discours-radiodiffuse-londres-6-juin-1944.php

"Dans la forêt verte est un grand arbre" message radiophonique du 5 juin qui déclenche la mobilisation des Résistants dans la Drôme -P. Dreyfus p.126-
Des jeunes de Taulignan et des environs répondent à ces deux messages en harcelant l'ennemi à la "tranchée de Salles" dont nous essayons de reconstituer l'histoire à partir de ceux qui l'ont vécue des deux côtés.

Témoignage de Pierre GUION (1926-2005) recueilli par Geo Chabert pour la Tribune:
"la position des groupes armés aux limites de Taulignan n'était pas le fait de quelques exaltés: le 7 ou le 8 juin, des affiches signées du commissaire de la République ont proclamé la région libérée et les jeunes gens nés de 1920 à 1924 mobilisés. Les armes ont été réparties et nous devions prendre position aux sorties ouest du village. Ce n'était pas une tentative isolée mais dans le cadre d'une stratégie globale. Nous étions en position avancée côté Grignan avec André Fraysse. Un autre groupe composé notamment de Jullien Arnaud, George et Jean Martin, Paul Bernard, Léon George, René Ribière était posté au niveau de la petite tranchée. (ci contre, vue côté Résistants)
Vers huit heures, entendant les rafales, nous avons cru à des exercices de tir. il n'en était rien, le convoi allemand était bien là. Pendant que je courais à travers l'Hermas ("la Chénaie" actuelle), la vue d'Aglaé Chaix gardant ses chèvres de l'autre côté de la route m'a rassuré. J'ai cru pouvoir traverser, mais les rafales ont redoublé. J'ai fait demi tour pour aller traverser en amont de la pierre plantée et j'ai retrouvé André Fraysse et Léon George. Ce dernier, ancien de l'expédition marocaine nous a guidé et conseillé avec sang froid. L'après-midi, nous nous sommes repliés aux Plaines où nous avons passé la nuit".


Emil BAUER né le 3/7/14 Soldat 7ème compagnie-2ème bataillon-10ème régiment Panzer Grenadier - 9ème DB.

Fait prisonnier par les Américains en septembre 44 lors de l'offensive des Ardennes, il sera libéré en octobre 45.
20 ans, après il écrit 15 pages de souvenirs et les envoie au maire de Valréas qui ne lui répond pas. Lorsque le maire suivant trouve sa lettre10 ans plus tard, il lui répond et l'invite à Valréas.

Dans son manuscrit il raconte que toute la division fut rassemblée à Braila en Russie pour le transfert en France. La 7ème compagnie fut affectée à Cabannes près d'Avignon. Nous préparâmes la caserne pour 120 hommes. Il raconte avoir sympathisé avec un Mr Bonnet, communiste comme lui. "Puis nous allâmes à Saint Gilles, puis au lieu-dit "le "Logis neuf près de Montélimar. De là , nous faisions des raids contre les résistants":
"Ma première expérience avec les terroristes, je l'ai eue dans un petit village près de Valréas...

la tranchée de Salles. (vue par les Allemands)
E. Bauer: "Nous avions posté notre mitrailleuse sur la cabine du chauffeur. Tout à coup une mitrailleuse retentit à notre gauche et les coups de feu sifflent tout autour de nous.
Personne n'est blessé, la voiture s'arrête, tout le monde saute à l'extérieur, je saisis la mitrailleuse et je réponds aux tirs. Le silence revient, les gars partent en courant vers la montagne. "...

http://books.google.fr/books?id=YEP5xoN9RG8C&pg=PA1&dq=inauthor:%22Karl+Heidinger%22&as_brr=3&cd=1#v=onepage&q=&f=false

la mort de René Ribière, 32 ans, né le 8/12/1912 à Taulignan.
E. Bauer: "
Soudain nous voyons un civil courir le long de la montagne. mais quel idiot criai-je!
Des coups de carabine retentissent derrière lui, il ne tombe pas, mais ne se met pas non plus à couvert. Les cris et les coups de feu me donnent envie de chasser, je saisis mon fusil mitrailleur, je le mets en position, portée 1000, et je commence à tirer.
L'homme tombe. S'est il mis à couvert ou a -t-il été touché? Je n'en sais rien!
Les hommes du RAD, surgissent de tout côté en continuant de tirer, ensuite ils sont à côté de lui, ils restent debout . Ensuite un signal les appelle à se rassembler: l'homme était mort de trois balles dans la tête. Quand on est aussi nombreux à tirer on finit toujours par faire mouche. Ce n'était pas un acte héroïque.
Le village se trouvait à environ 1 km. Nous y allâmes à pieds au milieu de la route. Nous voyons maintenant une barricade faite d'arbres et de voitures. Stop, à couvert!
Mon fusil mitrailleur tire dans une ceinture (sic). Aucune réponse, ils ont filé . On continue. Les hommes du RAD foncent comme des sauvages. On arrive à une deuxième barricade: tir de mitrailleuse sur la barricade, celle ci non plus n'est pas occupée. Maintenant la route est libre jusqu'au village.
A droite et à gauche de la route, les hommes du RAD marchent devant nous... ...Les gars tiraient sans arrêt en avançant"...


La mort du gendarme Kléber Boudin. Louis Kléber BOUDIN 38 ans,
né le 27/1/1906 à Tartiers (Aisne)



E. Bauer: "Maintenant on voyait à la sortie du village quelque chose de brillant, sans réfléchir à ce que cela pouvait être je me mis au milieu de la route et tirais. Ensuite nous entrâmes dans la grange. De loin déjà, nous voyons un homme couché sur le sol, les hommes du RAD continuèrent leur chemin. Mes camarades et moi nous nous arrêtâmes, c'était un gendarme français qui voulait quitter le village à vélo"...
(tombé devant l'ancienne" malle poste" (maintant le cocon)  que Emil Bauer prend pour la sortie du village)

Il ne fuyait pas Taulignan comme le croit Emil Bauer, mais partait prévenir les Résistants.
Tous les habitants se terraient au fond des maisons car "ça tirait de partout" et les Allemands tiraient sur tout ce qui bouge.

4 commentaires:

celine a dit…

merci pour ce recit de l'histoire.on nous a toujours dit qu'il s'etait fait fusiller par les allemands mais cette version le montre heroique et je vous remercie de m'aider à mieux connaitre l'histoire de la mort de cet homme, frere de mon grand pere, et pere de ma tata.

Taulignan39-45 a dit…

Céline pouvez vous retrouver une photo de votre grand oncle? merci de nous laisser un mail.

Unknown a dit…

Bonjour

Kleber BOUDIN est inscrit sur le monument aux morts de Nébian (34)
savez vous quelle est le lien avec ce village de l'Herault ?
merci

lola a dit…

C'etait le village natal de son epouse et il repose dans le cimetiere de ce village.

Qui sommes-nous?


francis.laurent@orange.fr ou F. Laurent 22 allée G Brassens 33600 Pessac
philippe.biolley605@orange.fr ou: Ph. Biolley Chemin des Eyrognettes 26770 Taulignan