Le planeur de Montjoux






Voici l’état d’avancement des recherches, sur la fouille du planeur allemand à Montjoux
Philippe Biolley.



" L'histoire est une tentative de reconstitution scientifique du passé par le travail sur ses vestiges ou ses traces. 
Elle doit forer le mille-feuille mémoriel, pour tenter de retrouver le socle granitique des faits, en sachant que ce n'est jamais totalement possible." 
Gilles Vergnon - Vercors Résistance en résonances 2008











 Le DFS 230 restauré au Musée Départemental de la Résistance de Vassieux. Le mannequin de pilote de planeur permet d’apprécier la taille du planeur 

 





La forteresse Vercors, le "Plan Montagnard"



Avant le 6 juin, l’effectif du maquis du Vercors se compose de 8 camps d’une trentaine d’hommes chacun. A la mobilisation décrété le 9 juin par le Comité de Libération, l’effectif passe en 48 heures à plus de 3000 homme. L’état-major du nouveau chef militaire, le colonel Huet, doit faire face à cet afflux de patriotes et réclame l’aide d’Alger pour les armer. L’ennemi s’inquiète de cet îlot de Résistance incrusté sur ses lignes arrières et nuisible au moral de ses troupes . ( Jo La Picirella )


Voici le chapitre concernant le Vercors dans l’ouvrage de Georg Schaulg «  Die deutschen Lastensegler – Verbände 1937 – 1945 »  de 1985




"Le Vercors est un haut plateau d'un massif étendu des Préalpes. Il est borné au nord par la grande boucle de l'Isère, au sud par la vallée de la Drôme et à l'ouest par le Rhône. Au-dessus de la gorge profonde du Royans, le plateau du Vercors forme une zone de prairies au milieu des forêts. Le Vercors accuse un caractère alpin typique. "

Dans ce territoire pauvre en axes de circulation - la description est empruntée à un guide touristique français - la Résistance française avait déjà, depuis l'hiver 1942-1943, constitué des dépôts d'armes et bâti une organisation locale qui, à l'origine, ne comptait que quelques centaines de partisans. Mais au fur et à mesure qu'approchait l'heure du débarquement ( lire l'invasion pour les allemands ), les alliés renforçaient, depuis l'Angleterre, leur appui à la Résistance, tout particulièrement en faveur des groupes existant dans le Vercors. Des avions américains larguèrent des containers d'armes, de munitions et de matériel de transmissions. Ils parachutèrent enfin de petites formations de soldats qui accélérèrent l'instruction des combattants dont l'effectif, pendant l'été 1944, s'éleva aux environs de 4 000. Les plans du Commandement supérieur allié attribuaient au Vercors une importance particulière, car depuis cette position, les lignes de communications allemandes avec la France du sud par la vallée du Rhône devaient être coupées.
Après le débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, la Résistance renforça ses attaques contre les lignes de communications, les colonnes automobiles, les stationnements et les points sensibles des forces d'occupation qui, de leur côté, ripostèrent par des actions contre-offensives et des représailles.

A la mi-juillet, le Commandement militaire en France rassembla des forces opérationnelles afin d'éliminer les formations de la résistance réunies dans le Vercors.


Deux bataillons de grenadier «  grenadierbataillone » et deux compagnies du génie « Pionierkompanien » de la 157e division de réserve, le 19e régiment de police « Polizei-Regiment 19 », des détachements du Régiment de Sécurité 200 « Sicherungsregiments », trois bataillons de l'Est « Ost-bataillone », ainsi que des unités de Feldgendarmerie et d'alerte reçurent mission d'encercler le Vercors et particulièrement d'interdire les quelques routes d'accès à l'intérieur du plateau. Quatre bataillons des troupes de montagne « Gebirgsjägerbataillone » et deux bataillons d'artillerie de montagne « Gebirgsbatterien » de la 157e division, ainsi qu'un bataillon de la 9e division blindée « Panzerdivision » devaient mener l'assaut contre le Vercors lui-même. L'attaque générale devait être déclenchée par l'atterrissage de deux compagnies de parachutistes avec planeurs dans la haute vallée de Vassieux-en-Vercors, où l'on soupçonnait la présence du quartier général des partisans.
Les parachutistes appartenaient au bataillon "Jungwirth", une formation spéciale qui, en été 1944, était stationnée à Dedelstorf et subordonnée au ll/KG 200.


Entre le 18 et le 20 juillet 1944, arrivèrent à Lyon, quelques vingt tandem, bombardiers Do 17 et planeurs DFS 230, qui devaient transporter les deux compagnies parachutistes à Vassieux, situé à plus de 1100 mètres d'altitude. A Lyon, eut lieu la mise au courant des pilotes de planeurs, du plan d'opération et des caractéristiques du terrain. Il s'avérait nécessaire, lors de l'atterrissage, de mettre en œuvre des parachutes de freinage et même des fusées de freinage.

Dans le brouillard matinal du 21 juillet 1944, décollèrent donc de Lyon deux escadrilles du I/LLG1 (LuftLande Geschwader groupe aéroporté). Les planeurs d’une escadrille avaient reçu comme zone d’atterrissage près des hameaux Le Château et La Mure, quelques kilomètres au nord de Vassieux. Les appareils de la seconde escadrille devaient atterrir tout contre le village de Vassieux lui-même.

La formation de planeurs commença par descendre la.vallée du Rhône. A la hauteur de Valence, elle infléchit son vol vers l'est, pour finir par aborder le Vercors en remontant vers le nord. A environ 10 kilomètres de l'objectif, à une altitude de 2 500 mètres, les planeurs décrochèrent, et les appareils atteignirent Vassieux après un vol plané de cinq à huit minutes. Environ 900 mètres au-dessus de l'objectif, les pilotes commencèrent leur piqué. Les machines de la première escadrille se posèrent sans accident tout près des maisons de La Mure et du Château. Les fusées de freinage avaient permis un sensible raccourcissement de la longueur d'atterrissage. Pour deux des appareils de cette formation, les parachutes de freinage ne s'ouvrirent pas. Cependant les pilotes réussirent a réaliser un atterrissage en toute sécurité.

Tandis que les soldats de la première escadrille n'eurent à subir que de faibles réactions lors de l'atterrissage,  les DFS 230 qui descendirent près de Vassieux, furent accueillis par des tirs violents. Deux ou trois planeurs furent touchés en se posant à terre. De nombreux parachutistes y trouvèrent la mort. Parmi les tués figuraient les pilotes de planeurs Pyritz et Rink. C'est ainsi qu'affaiblis dès la première phase du combat, les parachutistes de cette formation se trouvèrent placés en situation difficile au cours des combats parmi les maisons dans Vassieux. Aussi fut-il nécessaire de leur renvoyer des renforts prélevés sur les groupes posés au Château et à La Mure.

Certes, grâce à la surprise, La Mure et Le Château avaient été rapidement occupés, mais la situation des combattants posés en ces lieux ne pouvait pas être considérée comme favorable, car les partisans commençaient à se rassembler et à combattre.

Au soir du 21 juillet, les deux compagnies débarquées étaient partout sur la défensive. Vingt-neuf soldats avaient été tués, vingt autres étaient gravement blessés.( soit 23 % des effectifs)

Le jour suivant fut marqué par de nouvelles attaques des combattants de la Résistance qui avaient reçu des renforts au cours de la nuit. De violentes averses de pluie et les nuages bas interdisaient par contre tout soutien et ravitaillement aériens.

C'est seulement le 23 juillet que le temps s'améliora. Dans les premières heures de la matinée, quelque vingt DFS 230 décollèrent de Valence transportant une compagnie de - légionnaires de l'Est » (Ostlegionäre), avec une section de mortiers et cinquante nouveaux parachutistes qui avaient été conservés jusqu'ici en réserve.

A l'atterrissage, le planeur piloté par le sous-officier Metzen, s'écrasa contre un bloc de rochers. Tous les occupants furent tués. Déjà pendant l'approche, le sous-officier Birzer avait fait une chute mortelle. ( à Montjoux ) Les soldats d'un autre DFS 230 qui, en raison d'une rupture de câble, avait dû atterrir loin de Vassieux en pleine zone ennemie, eurent plus de chance. Ils furent aussitôt récupérés par une unité allemande d'infanterie. ( à Marignac en Diois ) 

( Dans ses écrits, Georg Schlaug ne mentionne pas l'atterrissage, au col D'Ancise près de Montjoux, du troisième planeur qui n'atteindra pas le Vercors lors de ce vol du 23 juillet. )


Simultanément avec les DFS 230 de la I/LLG1 atterrirent aussi deux GO 242 de la I/LLG2 (l/Luftlande Geschwader 2) qui apportaient des armes lourdes d'infanterie. En réalité, au début seule la cargaison d'un GO 242 put être récupérée. L'autre appareil s'était posé trop loin, hors de portée.

Renforcés par les soldats fraîchement débarqués, les parachutistes réussirent, au cours de la journée à refouler les partisans, d'autant mieux que maintenant des avions allemands passaient à l'attaque. A l'est du Château et près de Vassieux, des « Storche » (Fiseler Storch, avion léger de reconnaissance) atterrirent à plusieurs reprises pour charger les blessés.

Selon un pilote de planeur, les forces allemandes n'acquirent vraiment la supériorité décisive qu'avec l'atterrissage d'un nouveau GO 242 qui débarqua le 24 juillet une pièce antiaérienne de 20 mm. En une heure, cette arme lourde détruisit les positions les plus importantes des combattants adverses, en particulier une maison en pierre dans la pente sous la forêt de Lente. Les Français durent alors se replier dans les bois.
Un pilote de la l/LuftLande Geschwader 1 raconte ce qui suit sur la fin des opérations :

"Dans la matinée du 25 juillet, le gros des parachutistes et des pilotes descendit vers Grenoble. Maintenant, seulement arrivèrent, pour soulager nos commandos restés surplace, les Gebirgsjäger qui avaient pénétré dans la haute vallée sans avoir rencontré l'ennemi, et qui découvraient avec stupéfaction les traces du combat. Nous avions recouvert les cadavres de nos morts avec des toiles de tentes, en raison de la très grande chaleur et de l'ardeur extrême des rayons du soleil. Pour procéder à l'évacuation des morts, un Fiseler Storch arriva de Lyon dans la matinée. On étudia avec son pilote l'aménagement d'une piste d'atterrissage provisoire pour JU52 de transport. Et c'est sans difficulté que se posèrent dans l'après-midi deux JU52 sur une bande de terrain nettoyée par nos soins des pierres; blocs et buissons. Nous commençâmes par charger l'un des appareils du fardeau funèbre, puis nous quittâmes pour Lyon, avec le deuxième JU52, cette haute vallée où beaucoup de nos camarades et aussi beaucoup de Français avaient laissé leur vie. "


En réalité, en effet, les violents combats prolongés pendant plusieurs jours pour le Vercors avaient coûté de nombreuses victimes. D'après les estimations françaises, six cent trente-neuf combattants de la Résistance et deux cent un civils furent tués. Le nombre des pertes allemandes ne put être établi. Du côté de la l/LuftLande Geschwader, quatre pilotes furent tués.

( Joseph La Picirella, dans son livre "Le martyre de Vassieux en Vercors", indiquent pour le territoire des communes du Vercors: 130 civils, 326 Résistants y compris les 7 aviateurs de la RAF, et la perte ennemies à 88 soldats )

Au total, quarante-trois DFS 230 et trois GO 242 avaient été engagés.


Quelques semaines plus tard, tandis qu'après leur débarquement en Provence, le 15 août 1944, les Américains remontaient rapidement vers le nord par la vallée du Rhône, la Wehrmacht évacua le Vercors partiellement et gravement sinistré.

Le 1er septembre 1944, le l/LuftLande Geschwader 1 déménagea de Strasbourg-Entzheim vers un aéroport de campagne près de Giessen, où une attaque aérienne alliée à basse altitude détruisit quelque vingt Dornier 17.
Comme ce fut le cas pour toutes les formations de planeurs, le l/LLG 1 et le l/LLG 2 ainsi que l'état-major du LLG 1 durent être dissous par ordre du haut commandement de la Luftwaffe, en date du 9 septembre 1944. Le personnel rendu disponible fut en majorité versé dans des unités de réserve de parachutistes. Excepté tardivement de l'ordre de dissolution, le ll/Luftlandgruppe 1 (capitaine Klaus-Dieter Reich) fut transféré au début d'octobre 1944 à Altenstadt (Ober-Hesse). C'est cette unité qui devait prendre part de façon marquante à la renaissance inespérée que connurent les formations allemandes de planeurs au début de 1945.

Georg Schlaug





 









Cette série de photos montrent, un planeur DFS 230 endommagé lors d'un entrainement, très certainement pendant l'été 1943 alors que le I./LLG.1 , Luftlandegeschwader 1, (1er escadron de combat aéroportée) se trouve stationné à Lezignan, entre Narbonne et Carcassone. Ces clichés permettent de voir la construction des ailes et le peu de robustesse de ce genre d'appareil . La plupart des hommes sont des pilotes de planeur, tous semblent curieux et dubitatifs des dégâts occasionné par un poteau de clôture. Les ailes vont être démontées, par deux hommes de la Lutfwaffe qui se trouvent déjà sur le fuselage. Sur le dernier cliché, le sous officier Itter Wilhelm, pilote de planeur, à droite, couchée au sol, la porte latérale d’accès de l'équipage.





Bombardier Dornier Do 17








Ces deux photos d'un bombardier Do 17  permettent d’apprécier la taille de cet avion. Le Do 17 participe à la bataille d’Angleterre en 1940.  Puis déclassé par des avions plus moderne, il prendra le rôle de remorqueur de planeur.




D‘après deux anciens adversaires, interrogés en Allemagne par Joseph La Picirella en 1987 :


"Au soir du 20 juillet au cours d’une réunion rassemblant à Bron, les chefs d’unités, les parachutistes apprirent de leur chef, leur mission du lendemain. Pressées autour de leur officier, et suspendus aux paroles qu’il prononçait, ils apprirent le plan audacieux qu’ils aurait à exécuter le lendemain."

"Sous les ordres d’un premier lieutenant, le commando devait attaquer le village de Vassieux où se trouvait les chefs de la Résistance et peut être même le Général De Gaulle. Vassieux leur fut décrit comme un lieu fortifié où étaient massés des forces considérables, fortement armées, considérées comme les commandos suprêmes de la Résistance. Dés leur arrivée au sol ils devraient frapper vite et fort, c’est à dire faire sauter et incendier tous les bâtiments sans chercher à savoir s’ils abritaient des civils ou des terroristes, car ils leurs seraient impossible de faire un choix."

"Le pilote Siegfried Kurre  dont le planeur accrocha un fil aérien et piqua son nez dans le sol mais que s’en sortit indemne près du hameau du Château, nous confia :"

"Nous voulions frapper vite et fort, car il est impossible dans ces circonstances de faire des choix, celui qui fait trop de choix, ne survit pas. Lors de la présentation de l’attaque, la république du Vercors avait été proclamée. Les maquisards qui pour nous au départ n’étaient pas des troupes régulières le sont devenues. Cela ne nous avait pas été formulé directement, mais un responsable habilité à parler nous l’avait dit, c’était le 20 juillet à Lyon. On reçu l’ordre de bloquer l’araignée de Vassieux, de casser toutes baraques, pour qu’elles n’abritent plus les maquisards. On a vu des maisons d’où on a tiré sur nous des caves ; on avait reçu l’ordre de ne pas suivre dans les forêts, mais de bloquer en hérisson."

La mission est ici clairement établi, toute la population même "civile" est considérée comme des partisans "impossible de faire des choix"
"casser toutes baraques, pour qu’elles n’abritent plus les maquisards"

"Nous n’avions pas de liaisons radios, des estafettes faisaient la jonction entre les sections. A un moment on a transféré une trentaine d’homme du château à Vassieux, non en renfort, car ceux ci avaient planifiés dès le début, mais pour baliser le terrain et indiquer ainsi notre position. Durant les 21 et 22 juillet nous n’avons eu aucune liaison avec notre état-major, et l’officier le plus gradé était un premier lieutenant. Nous avions suivi depuis 6 mois, un entraînement spécial de parachutistes, mais  pas particulièrement pour ce genre d’opération. Pour beaucoup d’entre nous c’était une première. Par de signaux de drapeaux au sol on avait pu demander des armes lourdes, qui sont arrivées le 23, car les lance-grenades n’étaient pas très efficaces, il y avait trop de couronnes d’arbres, et souvent les projectiles explosaient trop tôt."

Ce témoignage est l'exemple typique des opérations aéroportées durant cette guerre où la difficulté d’un groupe isolé et sans moyen radio d'être en contact avec son état-major. Après l’attaque surprise, la situation devient critique.

"Au château, reprit le pilote, on a eu peu de mort parmi nos unités. Les pertes furent plus sensibles au village. A la Mure on les a surpris et anéantis."

"Oui ! lui dit Jo La Picirela en précisant :"

"Parce que mes camarades étaient arrivées quelques heures plus tôt, venant de St Agnan en Vercors, après une marche de nuit et fatigués ils s’étaient assoupis sous la garde de deux sentinelles."

"Ca a été notre chance, lui rétorque le pilote"

Ici, il n’est pas évoqué les massacres de la population, ni des atrocités….

Jan Volker Schlunk, citoyen allemand, fils de soldat de la Wehrmacht, installé en France participe à la rencontre, il note dans son protocole personnel des séances, cet aparté : 
" Nous regrettons ce qui a se passer à Vassieux
" Les morts ainsi que les exactions y apparaissent alors comme inéluctables". 
("Vercors Résistances en Résonances" de Philippe Hanus et Gilles Vergnon 2008)

Durant la nuit, sous la pluie, les maquisards tentent de reprendre Vassieux, sans résultat. Le manque de coordination entre les différents groupes de combats et surtout l’expérience sont le résultat de cet échec. Mais quel courage pour ces hommes avides de liberté !


 «  Couchés sur le sol, l’oreille tendue dans l’espoir de comprendre la situation, tous nous attendions, un peu crispés le moment d’engager notre premier combat. Comment interpréter les tirs nourris qui se déclenches en divers points ? Et personne pour conseiller les néophytes que nous étions »

Le pilote allemand poursuit son récit :

"Les tirs qui se déchiraient l’air étaient pour nous très angoissant, car n’ayant pas dormi depuis deux nuits, nous étions fatigués et très sensibles. On pensait que si les partisans savaient que nous étions aussi peu nombreux, ils auraient pu nous tuer tous «  avec une serviette mouillée »."

"Nous n’avions pas de SS dans nos planeurs. Nous l’avions remarqué, car dans la première vague, nous nous connaissions tous. Mais dans la deuxième vague il y avait des gens « Ukrainiens ».
Lorsque vous avez attaqué de nuit et que vous n’avez pas poursuivi, on a pensé que l’on avait repoussé votre assaut. Du 21 au 23 juillet, nous sommes restés près du lieu de notre atterrissage. C’était un gros tohu-bohu, et l’on ignorait ce qui se passait autour de nous, et ce que faisait les autres unités."

Le 23 juillet, en fin d'après midi, les Résistants reçoivent l'ordre de dispersion.

"L'ordre de dispersion fut en général mal interprété et de nombreux patriotes tentèrent de rentrer chez eux. Refluant vers la plaine en direction de la Drôme et de l’Isère ,ils semèrent la confusion sur leur passage avant de tomber entre les mains de l'ennemi."

" Surtout, les sédentaires étant montés sur le plateau dans l'euphorie du débarquement allié, ayant connu un mois et demi durant, l'illusion d'une victoire facile, leur moral fut plus durement atteint par la défaite du 23 juillet que celui des "maquisards" de veille souche. ainsi tout ce qu'on put demander, fut de garder un minimum de cohésion et de discipline, ce sont ces unités qui subirent le plus de pertes au cours de tentatives individuelles de sortie, alors que durant la même période les pertes sur le plateau furent à peu près nulles"

"Le 25 juillet raconte le pilote allemand, nous avons quitté Vassieux et pris la direction de La Chapelle. Au col de Proncel, j'ai appris que des troupes aux traits asiatique arrivaient de La Chapelle et on en avait signalé au col de Carry. A La Chapelle nous avons fait la jonction avec les troupes alpines, et nous avons confiés des prisonniers. Avant de quitter Vassieux, les parachutistes recouvrirent leurs morts, avec des toiles de tentes pour les protéger de la canicule. Dans la matinée, un pilote vient de Lyon en Fieseler Storch, pour organiser le transport des victimes. Avec les parachutistes demeurés sur place, il aménagea, la nature du terrain  s'y prêtant, rapidement une piste d'atterrissage, sur laquelle vinrent se poser dans l'après midi plusieurs JU 52, qui emportèrent les victimes à Lyon. Puis leur sinistre besogne terminée, les chasseurs parachutistes furent embarqués sur un autre appareil JU 52 qui les débarqua à Lyon. Pour eux l'épisode Vercors étaient terminé !"


"Ce n’est que plusieurs années après la guerre, que l’on apprit ce qui s’était passé à Vassieux, la mort de si nombreux civils, et, ainsi que tous mes camarades, nous ne voulions plus entendre parler de la guerre"














Après les écrits de Georg Schlaug et de Joseph La Picirella, revenons sur la journée du 23 juillet 1944



" A cause des très mauvaises conditions météorologiques, le deuxième temps de cette opération ne pourra être effectué que le dimanche 23 juillet au matin. Ce jour là, vingt planeurs DFS 230 et deux Gotha 242 remorqués par les mêmes avions que le 21 juillet, décollent de l'aérodrome de Valence/Chabeuil, trois planeurs n'atteignent pas le plateau lors de ce vol du 23 juillet. L'un cassera son câble de remorquage, à la verticale de Marignac en Diois. Deux avions remorqueurs se laisseront déporter à plus de 25 kms au sud de la route prévue. Lorsqu'ils reprendront le cap nord en direction de Vassieux, ils seront pris dans les rabattants impitoyables crées par le très fort mistral et les montagnes environnantes. Les câbles seront rompus."
( source Lt Cl (er) JC Mathevet Décembre 2007 http://slhada.fr/vassieux.pdf )

Remerciement particulier à :
Louisette Pellegrin, pour m'avoir indiqué la colline du crash.
Alain Courbis propriétaire de la colline, qui m'a autorisé à réaliser des fouilles





Bombardiers Do17 tractant les planeurs DFS 230, noter la cambrure des bombardiers.
Photo Georg Schlaug




Planeur à Vassieux, photo Georg Schlaug

Été 1944, le sous officier Itter se fait photographier devant un planeur DFS 230, en partie camouflé à  l'aviation alliée par des branches,. A l'automne 43, le bombardement de la base d'Istres avec des pertes importantes,  a laissé des traces. L'Uffz Itter porte la "fliegerbluse" de l'aviation, avec l'aigle à croix gammée sur sa poitrine droite, mais aussi le brevet de pilote de planeur à sa gauche, ici du modèle brodé. Son pantalon est du modèle des parachutistes allemands dont les pilotes de planeur sont rattachés . Il participera à l'assaut sur le Vercors, porté disparu durant l’opération sur Budapest en 1945, il est en fait prisonnier puis libéré à la fin des années 40, il rentrera en Allemagne. Cette photo fait partie d'un lot lui appartenant, couvrant une partie de sa carrière militaire.



Le planeur du col d'Ancise photo de Mr Chapus
"Les occupants du planeur de Montjoux ont du vivre quelques moment effrayant. En effet, lorsque les deux Dornier 17 remorqueurs qui s'étaient laissés déporter vers le sud ont viré vers le cap Nord en direction de Vassieux, ils ont été pris dans les rabattants crées par les montagnes environnantes (montagne de La Lance 1338m et la montagne de Miélandre 1451m.) Le très fort mistral ce jour là, leur faible altitude de vol et les rabattants ne leur laissaient que peu de chance de passer. Avec les récits des différents témoins, j'ai pu me faire une idée très précise des causes de ce crash. Un des témoins m'a dit textuellement "....le planeur a plongé; l'avion s'est cabré. une aile s'est arrachée en vol. L'avion a lâché le planeur. il est tombé en plusieurs morceaux...."
pour avoir beaucoup volé en planeur, je sais les danger crées par ces rabattants......"
Echange de mail Lt.Col JC Mathevet en 2013

  Il se crashe sur le terrain de Mr Courbis entre Montjoux et Tessières à droite en montant sur le versant sur la rive gauche du Lez.
L'autre planeur réussira à se poser sur le col d’Ancise, l’équipage passera dans La Paillette dans la nuit, puis dans les jours suivant  une partie du groupe se rendra au maquis,  certains feront « le coup de feu  » contre les Allemands à la libération…..










Vue d'un planeur détruit par le feu.







Retour d'un entrainement , les ailes ont été démontées laissant voir l'intérieur de la structure.





           Cette vue d'un DFS 230 a été prise par un membre de l'équipage du bombardier Do 17.









Intérieur d'un planeur DFS 230 B2 , à double commandes. Au premier plan le dossier du siège passager, on distingue la boucle de la ceinture de sécurité, remarquez le plancher en tôle ondulé et l’exiguïté du fuselage

Un dossier de siège passager,  une boucle
de ceinture, tôle ondulée du plancher






Le lieu du crash est sur la colline en face de la départementale, l’approche n’est pas aisée, et il faut faire particulièrement attention à la descente. Le terrain est pentu avec des éboulis. Sur la zone de l’impact, le terrain est assez plat sur environ 1 m 50 de large, il est possible que cette configuration soit due au crash  lui-même. Mes recherches et les trouvailles sur le site, indiquent clairement qu’il y eut non seulement un crash avec une déformation importante de la structure et bien sûr de l’équipage, mais aussi plusieurs explosions dues aux munitions embarquées, grenades pour la dotation personnelle et surtout la présence de bombes de mortier, (au moins trois) accentuant l’effet dévastateur. La présence de boîtes pour charges d’appoint (boite ronde en fer avec inscriptions, à l’intérieur de la poudre compressée, permettant un appoint pour propulser la bombe plus loin  qu ‘avec une charge normale) confirme la présence de ces bombes à bord.
 Le planeur DFS 230 est identique à ceux que nous pouvons voir encore à Vassieux (une vingtaine de planeurs sera utilisée à chaque vague le 21 et 23 juillet ). La structure est en tube recouvert de toile, les ailes sont en bois avec une légère structure en tube.
Par l’érosion naturelle, au fil des années, une partie des débris a glissé légèrement plus bas et a été bloquée par les éboulis. On y retrouve des débris de jumelles, beurriers (boîtes rondes en bakélite orange typique armée allemande) couverts pliants, canif, reste de brelages et équipements en cuirs, boutons de pantalons et vareuses, de poulies, cartouches, fragments d’entoilage avec des peintures très fraîches. Et même un crochet pour étuis de masques à gaz ! Toutes ces reliques présentent des stigmates d’un choc extrêmement violent : par exemple : le couvert pliant en alu est cassé en plusieurs endroits ( peut être en une dizaine de morceaux) seulement une partie a été retrouvée, mais parfaitement identifiable.


Vestiges de cuillère et fourchette comparés au modèle


Fragments de beurrier comparés au modèle


 
Beurrier, couvert pliant, sac à pain, objets typique de l'armé allemande







Fragments de plexiglas, noter les gouttes de peinture verte

Fragment de poulie


Boite de charges d'appoint, ailettes, fragment de bombe, morceaux de poudre compressée, dont la combustion est remarquable même après 67 ans.



Tôle peinte provenant d'une aile, cartouche et clip fusil Mauser .
Platine de montre, boutons, rivet et rondelle de casque, pièce de monnaie.






Restes d’entoilage : on distingue parfaitement le camouflage appliqué aux pistolets à peinture.


On retrouve les plus gros morceaux de la structure, sur la zone d’impact. (Ceux qui sont  toujours là suite aux récupérations aux fils des années !) . Cette zone doit avoir des vestiges en profondeur.


A force de trouver des vestiges,  j’ai découvert une paire de brodequins cloutés … 
...là j’ai suspendu les fouilles. 

La paire de brodequins est presque dans le même alignement . La gauche et la droite sont « respectées », et la position «  clous vers le haut » fait penser que le planeur est tombé sur le « dos » .
Avec ces vestiges je retrouve deux boutons, un bouchon de canon  pour fusils Mauser, un extracteur de mauser (pièce cassée et oxydée) et un pansement.
Petite analyse personnelle, la découverte d’un pansement n’a rien d’exceptionnel, sur le pantalon et la vareuse, une poche est prévue pour recevoir un pansement, la dotation est classique (minium deux par combattants). La découverte indique que l’homme est simple soldat car armé avec certitude d’un fusil Mauser .


Pansement



Au début des années cinquante, les gouvernements allemand et français, ont demandé à toutes les communes de France, de déclarer les sépultures provisoires de soldats allemands.
Un groupe du VDK, Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge  (Sépultures militaires Allemands), alors basé à Marsanne, a exhumé les restes de soldats dans notre région.
Ils ont donc établi un document de trois pages, pour la commune de Montjoux, le 13 avril 1959. La dernière page est le plan succinct du cimetière avec l’emplacement de la tombe de Hans Wolf.

La première page contient les explications concernant le nombre de corps retrouvés et éventuellement leurs identifications.



Voici la traduction  faite par M. Hauser, délégué national SESMA :
" Nous avons retrouvé les restes de 7 morts, dont 6 dans un champ.
Parmis les restes de trois corps ( dans la tombe n° U.-13902 à 13904) nous avons pu identifier Birzer August- Siegmund, sous officier, né le 10.05.1921.
Dans la tombe, U-13907, Wolf Hans né le 24.05.1926, dans le cimetière de la commune.
Les autres morts sont des restes de soldats « russ.Hiwis[1] qui ont perdu la vie lors d'un accident de planeur en juillet 1944
Tous ces restes étaient éparpillés et ont été regroupés dans les quatre cercueils par la commune".

Hans Wolf, matricule PG 425924 soldat de deuxième classe, est mort le 5 mars 1945, au camp de prisonniers de guerre du château de Montjoux.

[1] Le terme Hiwi est l'abréviation du mot allemand Hilfswillige (auxiliaire volontaire). Durant la Seconde guerre mondiale, les Hilfswilliger étaient des volontaires recrutés parmi la population des territoires occupés d'Europe de l'Est qui servirent d'auxiliaires dans la Wehrmacht. Les Allemands mirent surtout en avant l'anti-bolchevisme de ses « recrues », sentiment réel mais cependant exacerbé pour des raisons de propagande. ( source Wikipédia)



Plan de la découverte des restes, dans le champ.

A gauche du plan, nous avons une mise en situation ; on peut distinguer la départementale D130, avec en haut le village, à gauche de la départementale la rivière  Lez, puis le champ de lavande et à l’extrême gauche, le trait symbolisant la colline qui est le lieu du crash. Le cercle rouge indique les tombes.
Après le trait indiquant le nord, nous avons une vue rapprochée ; On distingue le zone où furent retrouvés les restes de 6 soldats, près de la colline, en bordure du champ qui est boisé.
Dans la tombe N°2, ils vont retrouver trois corps, dont celui du pilote, le sous officier Birzer qui est en principe, le seul allemand du planeur.



A la lecture du rapport, nous pouvons signaler qu'il n'est pas précisé le modèle du planeur et que les plaques d'identité des soldats non pas pu être récupérées, car absentes. Les personnes qui ont indiquées la tombe en 1959 n'étaient, apparemment, pas les mêmes qui ont réalisées l'inhumation en 1944.
Il est possible qu'elle fut réalisée par les Résistants.
Après la guerre, la population voulaient oublier cette période tragique.
Ces faits vont avoir des conséquences sur la fouille en 2012.





La fouille de la "Fosse 2012"




Dans les nombreux documents disponibles dans les revues spécialisées ou sur le net, il est indiqué que le nombre de places dans le planeur DFS 230 pouvait être de 10 soldats ( 1 pilote + 9 combattants)

Photo Musée Virtuel Résistance drôme http://www.museedelaresistanceenligne.org/









Après un « rapide calcul », il pourrait manquer 4 corps. Est-ce les restes retrouvés récemment sur la colline ? La quantité d’os pourrait le laisser croire, mais sans en connaître le nombre exact.
Je suis mandaté par le services des sépultures allemandes afin de faire les fouilles. Je reste en contact avec ce service pratiquement chaque jours durant les recherches. Seule la découverte de crânes peut, avec exactitude, permettre de comptabiliser l’équipage. Début Novembre un crâne est découvert, puis un second, un troisième et finalement un quatrième à la mi-novembre. Seul le premier crâne, aura le pariétal pratiquement sans fracture. Le crâne n’est pas complet, une dent comporte une couronne.  Le  beau-frère de M. Hauser, dentiste,  lui indique que l’homme est jeune. Le second crâne a plusieurs dents avec des couronnes, il est en morceaux. Le troisième a une couronne en or et il manque une grande partie du crâne. Le dernier est aussi en morceaux, les restes de dentition sont exempts de couronne. Les grosses pierres rajoutées pour boucher la fosse ont écrasé les restes par affaissement, et c’est avec une certaine difficulté et patience que les restes sont rassemblés (environ une quarantaine de fragments pour le dernier crâne). J'avais donc retrouvé la deuxième tombe qui contenait les restes de quatre soldats.


Pourquoi avoir réalisé deux fosses en 1944 ?


La réponse est simple: La chaleur extrêmement de cet été 44, l'états des corps en décompositions et la configuration du terrain ont très certainement incité les fossoyeurs volontaires, a déplacer les restes sur seulement quelques mètres:
Les 6 premier corps, positionnés le plus bas sur la colline, sont inhumés dans des cercueils, en bordure de la zone plane du terrain.
Les 4 corps restant  au plus près de la zone pentu du crash, sont inhumés à proximité immédiat, dans une fosse. Sans avoir a faire de manutention avec des cercueils.

Les photos aérienne de l' IGN prisent dans l'immédiat après guerre, montrent clairement que la terre en bordure du terrain n'est plus travaillé.


Photo IGN 1947
Photo IGN 1956







Cette photo prise avant la fouille en 2012 montre de grosse pierres au centre, sur cette petite zone plane. Ici sera retrouvé la "fosse 2012". Il est clair que ces pierres avaient pour seul but d'indiquer ce lieu après la guerre aux autorités compétentes. Peu appréciable avant la découverte, mais une évidence en fin de fouille.



C'est sous cette pierre que sera retrouvés les quatre crânes





Cette tombe avait été oubliée après la guerre. Les restes ont été remis aux autorités allemandes qui procéderont à l’inhumation au cimetière allemand de Dagneux en juillet 2013.

Découverte du premier crâne, seule la partie arrière est visible

 


Un casque allemand est découvert entre le deuxième et le troisième. Il était posé à plat au fond de la fosse, préservant la coiffe en cuir. A l’intérieur, sous la coiffe il sera retrouvé du journal, mais pas en langue allemande. Très certainement à cause des courants d’air parcourant le planeur, le propriétaire le bourra de journal pour se préserver du froid. Le casque est reconnaissable, mais le choc l'a totalement déformé, la visière est tordue avec une fêlure, ainsi qu’à l’arrière




Fragment de journal







 Une gourde et deux « quarts » (gobelets) seront aussi découverts ainsi qu’une plaque de ceinturon.



Les quarts et la gourde sont en acier émaillé, puis recouverts de peintures vert- olive. Le quart de droite a perdu sa peinture, on peut remarquer aussi le pontet soudé, qui assure le guidage de la sangle en cuir ou toile, afin d’assembler le quart avec la gourde.





La plaque est fabriquée avec de l’aluminium, recouvert de peinture vert-olive, marquage « GOTT MIT UNS » (Dieu est avec nous) et aigle à croix gammée.







Fragment d'uniforme





restes de peignes, celui du bas, neuf, pour modèle
fragments de stylos
Éclat de casque 
Deux boucles de sécurité seront retrouvées parmi les ossements laissant penser qu'elles étaient encore en place lors de l’inhumation.





La pièce la plus importante de cette journée de fouille, est la découverte d’une plaque d’identité ! 



(Ça sera la seule) Elle ne se trouvait pas autour d’un crâne, mais dans une pochette en cuir avec une pièce de monnaie. L’ensemble était « collé » avec un pansement. L’inconfort d’une plaque froide contre la peau, a très certainement incité le porteur de la ranger dans une pochette en cuir réglementaire, qui normalement est portée autour du cou. Mais il a préféré tout de même, la positionner dans la poche à pansement à l’intérieur de la vareuse. C’est aussi pour cette raison qu’elle ne fut pas retrouvée à l’époque[3]. Grâce à la plaque nous aurons au moins un nom .
On peut lire:
1733
FREIW.UKR.STAM.RGT.3  
N° de matricule 1733
Volontaire ukrainien du 3 régiment d’encadrement


Ce 3 éme régiment de "Freiwiliger Stamm" est formé en janvier 1944, composé de volontaires Ukrainien qui ont rejoint volontairement les troupes de l'armée allemande, ils seront engagés contre les maquis durant l'été 44. Ils commettront des atrocités et massacres dans le sud de la France.




[3] D’après René Brus, il connaît le détenteur des plaques. Si on prend en compte le fait que cette personne possède effectivement 9 plaques, c’est peut être pour cela que Alain Courbis a toujours entendu dire qu’ « ils étaient 9 et qu’ils avaient été répartis dans trois cercueils ».






 Les restes de la cartouchière :
 Les conditions de préservations dans une terre humide, avec des racines et le temps passé, laissent peu d’espoir de retrouver des équipements complet. Néanmoins avec un peu de patience et des documents on peu facilement reconnaître une cartouchière !


















Pontet de fusil Mauser 98k , vue de dessous






sangle de fusil  Mauser










Pontet Mauser 98k vue de côté
Cette pièce provient du bas de la colline, le fusil s'est disloqué sous la violence du crash






La fourchette du pilote




Cette fourchette est très bien conservée, le marquage estampé « ROSTFREI » signifie "inoxydable" en Allemand.. Le bois est en partie présent. Cette fourchette n’est pas réglementaire dans l’armée allemande. Le marquage de la fourchette au centre de la première photo est particulièrement intéressant : Ce mot est réalisé à l’aide de lettre à frapper. La frappe est suffisamment claire, mais avec une loupe nous pouvons lire « BIR7FR ». A première vue cela ne signifie rien ! Mais si on prend en considération que la frappe a été réalisée sur une portion arrondie de la fourchette et réalisée, peut être, avec qu’une partie de l’alphabet disponible. Nous pouvons aussi lire « BIRZER »

Ce nom prend alors tout de suite un sens et un lien avec ce crash, nous pouvons lire dans le livre de J. La Picirella : «  Une seule de ces victimes, le pilote, August Birzer, âgé de 23 ans, put par la suite être identifié ».

 Effectivement le sous officier Birzer est l’un des deux pilotes de planeur mort le 23 juillet 44.
( 4 pilotes durant l’opération sur le Vercors : 2 le 21 et 2 le 23 juillet ).



La découverte de ce couteau est aussi très intéressante :



Ce modèle est distribué uniquement aux personnels volants de l’aviation allemande. La lame sort par gravité, un verrou bloque la lame à l’intérieur du manche. La lame jaillit par un coup bref, avec une seule main. Il était étudié pour pouvoir sectionner les suspentes de parachute et avec le pic se trouvant sur le côté du manche, à défaire les nœuds. Bien sûr, aussi comme couteau de cuisine ! C’est très certainement le couteau de Birzer (seul le pilote était rattaché à l’aviation allemande). La lame est toujours dans le manche et son bout est cassé. L’oxydation du métal n’a pas pu préserver les parties en bois.
.






Il est intéressant de comparer la courbure de ces deux reliques, on peut penser qu’elles étaient ensemble, au moment du crash. Sans doute dans « la musette à pain » avec un peu de nourriture.












La boussole de poignet de l’unteroffizier Birzer.

Armband kompass AK39 



Cette boussole spécifique au pilote de la Luftwaffe est un équipement essentiel. Suite à un crash ou un saut forcé dans une zone ennemie, elle lui permettra de rejoindre les lignes amies et éviter ainsi une capture.

D’un diamètre de 61 mm et d’une profondeur de 20 mm pour un poids de 80 grammes, elle dispose d’un cadran noir à graduation représentant une « Rose des vents ». Ce cadran est mobile, maintenu par une aiguille et tourne dans un bain d’alcool. Le bracelet est en cuir noir.


Deux principaux modèles ont été produits :

Le premier, fait de bakélite translucide peinte en noir, est logé dans un boîtier en bakélite de la même couleur, incurvé avec des gravures indiquant des informations du fabriquant et de nomenclatures. 











L’autre modèle est en bakélite translucide, le dessous du logement du boîtier en bakélite noire est ajouré permettant à deux disques rotatifs semi-circulaires de déterminer un cap à suivre. Sur le boîtier deux repères de couleur noire ou rouge ont été rajoutés pour la  prise de cap











Le fabricant se nomme Kadlec, firme d’instruments d’origine allemande implantée à Prague dans l ‘ancienne Tchécoslovaquie, aujourd’hui République Tchèque.











Cette boussole, en principe, est prévue pour être mise au poignet, mais la plupart des photos de l’époque la  montre fixée sur un équipement de vol ou au ceinturon. Il était prévu un bracelet supplémentaire rallongé pour pouvoir la porter par-dessus les gants et la combinaison de vol.









La découverte d’un fragment de bakélite non identifié, à l’époque de la fouille de la « fosse 2012 », n’avait pas permis de l’attribuer à un membre spécifique du planeur. Des récentes fouilles ont permis de retrouver quelques fragments supplémentaires, précisant à coup sûr du modèle ainsi que l’appartenance de la boussole au sous-officier Birzer, le pilote du planeur.
Le fragment de gauche provient de la « fosse 2012 », le temps passé dans la terre a coloré la bakélite. On y distingue une gorge, là était positionné un fil de cuivre servant à la fixation de la boussole dans son boîtier. Le fragment à droite plus clair, avec des restes de peinture noire, fut découvert parmi les débris d’instruments du tableau de bord. 











Un des fragments présente une vis en laiton servant au remplissage du liquide de la boussole. Nous retrouvons là encore, peints sur la tête de vis, des restes de peinture noire










L’ensemble des fragments retrouvés : la découverte de celui de gauche avec, au centre, le reste du cercle rouge a permis l’identification de la boussole. En bas on distingue, à travers la bakélite, la vis de remplissage. A droite, avec des reflets marron, celui retrouvé dans la « fosse 2012 ». Comme dans toute fouille, la plus grande difficulté est l’identification des restes. Seule une solide documentation et  Internet apportent quelques réponses. 



Nature morte évoquant un pilote de planeur de la Luftwaffe : la boussole AK39 et le couteau à gravité font partie des équipements de survie



Les restes d'un pistolet mitrailleur MP40



Des fragments de fût et plaquettes de crosse d'un MP40 seront retrouvés dans la même zone que des éléments du tableau de bord. Deux chargeurs seront aussi découverts dans la "fosse 2012". D'après l'historien Stijn David, auteur et spécialiste des pilotes de planeur, l'arme est sans doute celle du sous officier Birzer. En effet, les pilotes était armés d'une arme de poing, ainsi que d'un MP40.









 Fragments de fût et plaquettes, pour modèle une paire intacte












 Le premier chargeur retrouvé.








Photo des deux chargeurs, celui du milieu est dans son état neuf pour modèle.

 

Ils sont tous de la même année (1942) et du même fabricant (KUR, Steyr). Celui de gauche présente une déformation importante  aux lèvres très certainement du à des percutions accidentelle de cartouches lors de l'impact. Il reste environ 21 ou 22 cartouches, la tôle a prise la forme des cartouches à certains endroits.













Celui de droite possède encore les 32 balles de 9 mm para.

 

 

 

 

 


 

Une balle est présente entre les lèvres. 

 

 

 

 

 

 

Malgré les piqures dû à l'oxydation, les marquages sont encore suffisamment visibles, remarquez la déformation de la tôle contre les cartouches ainsi que l'éventration des lèvres, sur le chargeur de gauche.




 

 

L'uniforme du "unteroffizier Birzer"


La seconde guerre mondiale est une guerre de mouvement :  Une des tactiques développées durant cette période est l’emploi d’unités parachutistes, afin d’être au contact avec l’ennemi au-delà de la zone des combats. Elles ont pour but de « fixer » l’ennemi sur ses arrières, tout en désorganisant sa logistique et réaction tactique face à une attaque frontale ….

Cela est vrai pour les grandes opérations militaires : En mai 1940 la prise du fort de Eben Emael en Belgique, par les planeurs et parachutistes allemand, porta un coup au moral des soldats de l’armée belge. La prise des points stratégiques par les forces aéroportées anglaise, US et française permettra la réussite des débarquements en Normandie et en Provence. En mars 1945, l’opération Varsity visant la capture de ponts sur le Rhin, pour « faciliter » la progression sur l’Allemagne. Seule l’opération Market Garden, en septembre 44 ayant pour objectif la capture de ponts stratégiques en Hollande, fut en partie, un échec du fait de la distance trop longue à parcourir sous le feu ennemi, par les troupes d’infanterie et blindé venant faire la jonction.

Le début de l’attaque allemande à Vassieux le 21 juillet 44, par des troupes embarquées par planeur, s’inscrit dans la même tactique. Frapper l’ennemi là où il n’est pas attendu, tandis que les troupes terrestres « montent » sur le plateau par les Pas, afin de réaliser la jonction.


A l’arrivé de Hitler au pouvoir en 1933, la réorganisation de l’armée allemande débute, les uniformes et les équipements se modernisent. Par exemple, en 1935 un nouveau casque d’acier est adopté ainsi que le fusil Mauser dans sa version améliorée. Afin de créer un esprit d’appartenance à une armée nouvelle, puissante, conquérante, de nouveaux insignes et uniformes vont apparaître, amplifiés par la propagande nazie.

Bien sûr, comme dans les armées alliées, les parachutistes allemands vont bénéficier d’équipements, d’uniformes et insignes spécifiques, propres à leur activité militaire, mais aussi dans l’esprit d’appartenir à une unité d’élite.

Les parachutistes britanniques[1], américains, sont indépendants : ils n’appartiennent ni à l’armée de terre ni à celle de l’air. En revanche les parachutistes allemands « Fallschirmjäger » dépendent de l’aviation allemande, la « Luftwaffe ».De ce fait ils empruntent une grande partie des équipements et uniformes de cette arme. La particularité de l’uniforme de la Luftwaffe est la diversité des couleurs des attributs sur la vareuse et coiffe suivant la fonction. Pour exemple nous pouvons avoir des passepoils de col rouge pour les unités de défenses contre avions et jaune pour les pilotes et « personnels volants ».






[1] En 1944, la plus grande partie des  parachutistes français de la France Libre sont sous le modèle anglais.



Deux type de fabrication de tresses de sous officier seront utilisées durant cette période, afin de différencier les cols de vareuse, ceux de l’armée de terre et celle de l’air.


Tresse du modèle de l’armée de terre « Heer » 






Tresse du modèle de l’armée de l’air «  Luftwaffe »

Les tresses sont fabriquées de fils à base d’aluminium, et comme vous pouvez le voir, celles de l’armée de terre présentent des formes en losanges, tandis que celles de l’air a des petits rectangles.








 



Voici la photo d’un fliegerbluse, vareuse de la luftwaffe. Elle est différente de celle de la « Heer », par exemple, deux poches au lieu de quatre. L’effet est plus court aussi, typique des uniformes de l’aviation. Le col est généralement porté ouvert. Par contre les soldats de la « Heer » doivent le porter fermé, ouvert que sur ordre !




                 Col d’une vareuse « fliegerbluse », d’un sous officier « unteroffizier ».



On distingue la tresse du modèle de l’aviation, les passepoils sur le col et épaulettes ainsi que les pattes de col sont de couleur jaune, c’est la couleur d’arme des pilotes et de l’ensemble du personnel volant, mais aussi les parachutistes allemands. Le sous officier Birzer avait une tenu identique lors de son crash .

















Voici très certainement le col de la fliegerbluse de Birzer ! 67 ans sous terre, dévorés petit à petit par les micro-organismes, le col doit sa « survie » à la présence de la tresse fabriquée à base d’aluminium.










On retrouve la tresse de sous officier de la Luftwaffe, avec le motif « petits rectangles »














Sur un des côtés du col, après un nettoyage, on distingue parfaitement la couleur jaune du passepoil. Même dans cet état, c’est reconnaissable. La teinture de la vareuse « bleu gris », a disparu dans des conditions de préservation  très humide !


















Uffz Birzer, photo Klaus Neetzow, Georg Schaulg, Deutsche Lastensegler 1938-1945 (1993)





Fallschirmjäger knochensack


Il existe un équipement vraiment spécifique aux parachutistes allemands, c’est la blouse camouflée « fallschirmjäger knochensack ». C’est à l’origine une blouse de saut, de coupe ample, elle avait pour fonction de recouvrir l’ensemble de l’équipement, afin de ne pas entraver les mouvements lors de la sortie de l’avion. Néanmoins elle deviendra une veste de combat : D’une seule couleur au début, elle deviendra camouflée en milieu de guerre  Elle se boutonne sur le devant par 5 boutons en bakélite bleu, et possède 4 fermetures éclairs. Deux en bas de la blouse et deux en haut, de biais. La blouse peut être aussi boutonnée au niveau des cuisses, donnant une allure particulière à la silhouette des parachutistes allemands.







Voici maintenant un panachage de photo d’une blouse camouflée de collection, prise sur le net et en comparaison avec les fragments retrouvés dans la fosse. Il existe aujourd’hui plus de copies de blouse que d’originaux !









Un bouton et un fragment








































Les restes de tissus avec les « dents d’engrenages », encore une fois le type de fabrication à permis la sauvegarde de quelques fragments de tissus camouflé.

























Zip  de marque Elite et Prym, celle-ci est une célèbre et ancienne firme produisant les fermetures éclair et boutons pression  !
































            Les boutons pression des manches et cuisses, ils sont peints de la couleur bleu.














Enfin, ces restes de toile imprimée se trouvaient autour des fragments de fermeture éclair. Les couleurs sont assez fraîches ! On distingue parfois les coutures.























Cette photo aurait été prise peu de temps avant l'opération sur Vassieux.
En fond, le Dornier Do 17, l' avion tractant les planeurs. Au premier plan, deux pilotes de planeurs en tenues camouflées et  l'équipage du bombardier en combinaisons.

Les bottes de parachutiste  « Fallschirmjäger stiefel »


Nous avons pu voir que les pilotes de planeur portaient la blouse camouflée de parachutiste, ainsi que le pantalon spécifique à cette unité. Ils chaussaient aussi les bottes des « fallschirmjäger ». 

Deux modèles réglementaires sont portés durant le conflit : la première fabrication se lace sur le côté, on peut voir ce modèle sur une photo du sous officier Itter.




Assis à gauche un sous-officier de la Luftwaffe avec des brodequins cloutés. A droite sur le côté, Itter en pantalon de parachutiste, dont on peut apercevoir la poche où se glisse le couteau à gravité et les bottes du première modèle.


 


Le second modèle se lace sur le devant, la semelle est caractérisée par des clous, de forme rectangulaire, qui sont à fleur de la semelle .

Ce choix est justifié afin de ne pas glisser sur les tôles, dans la carlingue de l’avion de transport. Cette différence est notable en rapport au modèle de l’armée régulière où les clous servent comme crampons, efficaces à condition de marcher sur un terrain meuble.

Les bottes sont plus hautes que des brodequins avec 12 œillets. Elles apparaissent au front dès 1941.

 




               Voici le dessous des semelles, le positionnement du cloutage est typique de ce modèle.



 



 


Voici les semelles de la paire de l’Uffz Birzer, retrouvés dans la «  fosse 2012 », une grande partie des ossements étaient encore présents lors de leurs découvertes, mélangés avec des restes de cuir, des racines et de la terre. Les semelles plus épaisses ont mieux résisté aux micro-organismes.

 



 



Ce montage photo permet de bien  visualiser le positionnement des clous typique à ce modèle.

 

La concordance est évidente.

 

Après un nettoyage



 



Comme nous pouvons le voir, la « présence » du sous officier Birzer est bien palpable, dans la fosse retrouvée en 2012. Les restes d’uniformes doivent être associés avec sa fourchette ainsi que son couteau. Il semble évident au regard des trouvailles que Birzer, se trouvait bien en haut de la colline. Il a été clairement établi, que les restes ont été peu déplacés : à 5 mètres, au sud de la fosse, il est découvert des fragments du tableau de bord et au sud-est, à environ dix mètres, est retrouvée la boucle de la jugulaire, typique, de son casque de parachutiste. Des morceaux de bouchon de gourde ont été découverts, parmi les fragments d’instruments de navigation et une partie du reste, dans le quart retrouvé dans la fosse. De plus, très certainement, plusieurs indices ont disparu après 67 ans !








Photo Stijn David
 

























Exemple d'une pièce d'instrument retrouvée (à droite), à gauche neuf d'origine.
Il permet l'éclairage du tableau





 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




La question est posée : Comment peut-on trouver autant d’indices concernant la position des restes de Birzer, alors que le VDK l’a identifié, dans la fosse en bas de la colline, en 1959 ?
Ils n’ont pas su qu’une autre fosse existait à quelques mètres plus haut. Les registres de la commune n'indiquent aucune informations sur ce fait, seulement la mort, sans mentionner la cause, de Hans Wolf prisonnier de guerre, en 1945.

Ils n'ont pas fait le rapprochement avec le nombre de place disponible dans le planeur DFS 230, certainement par ignorance.

Par contre, seul le pilote de planeur, le sous officier Birzer était porté manquant pour cette opération, les trois autres pilotes sont morts à l'atterrissage à Vassieux.  

Lors de leurs venus sur les lieux, en 1959, la découverte des restes de Birzer devenait une évidence.

De plus, ils n’ont malheureusement pas pu récupérer les 9 plaques d’identité, ce qui  par déduction, aurait peut être permis la découverte de tous les corps. Il est peu probable qu'ils aient délibérément ignorés la "fosse 2012", sous prétexte de la nationalité des restes.

Quelle aurait été leur conclusion en retrouvant dans la "fosse 2012", la fourchette avec le nom de Birzer par exemple ?

Il était important après 67 ans de rassembler l’ensemble de l’équipage, la tragédie du Vercors est un épisode important dans la mémoire collective de la résistance française en Drôme,  mais aussi national.


Bien qu’appartenant à une association patriotique, avec pour objectif la mémoire de la Résistance en Drôme et plus largement en France, il était aussi de notre responsabilité de s’occuper, avec dignité, de la découvertes de ces restes humains, quelles que soient leurs nationalités et leurs missions.

Remerciements pour l'utilisation de leurs photos à Jubilee42 pour la fliegerbluse, Tonik pour la knochensack,  et Clint-Magnum pour les bottes de parachutiste,  merci du partage. 


A Stijn David pour m'avoir confirmé l'identification du col de la fliegerbluse.


 http://users.skynet.be/lw-glider/uk/frame.html




En complément : Ces compagnies de légionnaires de l’Est étaient les principales force contre les maquis.
Ils faisaient parti d’une formation de l’armée allemande. A ce titre c’est le service de sépultures allemandes qui récupère les restes.

Service pour l’entretien des sépultures militaires allemandes (SESMA)
http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/cimetieres/allemands/entretien.htm




1 commentaire:

RA a dit…

Un travail de fourmi fait par des passionnés ...
Ce blog m'a passionné.
Merci

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