Par Philippe Biolley
Il m’a semblé
intéressant, après la découverte d’une plaque d’identité d’un soldat ukrainien
dans la « fosse 2012 » ainsi que l’acquisition en 2015 d’une
photographie de soldats allemands ayant combattu à Vassieux, de réaliser une
synthèse afin de proposer ma propre analyse lors du déroulement de l’attaque
aéroportée allemande sur le Vercors. Il ne s’agit pas de réécrire l’histoire
douloureuse de Vassieux, mais de tenter d’avoir une approche nouvelle dans la
chronologie de cette attaque par les planeurs allemands du 21 au 23 juillet 44.
Je m’appuie en cela sur les ouvrages de Peter Lieb « Vercors
1944 : Resistance in the French Alps » et de Geoffrey J Thomas « KG 200 The luftwaffe’s
most secret unit », de Alain Coustaury historien drômois, « Temoignages
sur le Vercors » de Joseph La Picirella une véritable bible
d’informations, le Colonel Jean-claude Mathevet et Stijn David pour les
planeurs allemands, ainsi que Gilles Vergnon, auteur de nombreux livres sur le
sujet, la référence actuelle de la mémoire du Vercors.
Après l’assaut sur la Crète en 1941 qui causa
la mort d’un grand nombre de parachutistes allemands, leurs unités furent
souvent utilisées comme infanterie.
Quand l’unité
de parachutistes du KampfGeschwader 200 est formée, le major Hans Jungwirth,
vétéran du 5éme régiment de parachutistes (FJRgt5) en Tunisie, en prend le
commandement et incorpore l’unité indépendante de parachutistes dans le but de
développer et exploiter de nouvelles armes sous le nom de couverture
«Transport-Kolonne der luftwaffe XI Ost »
En mars 1944 le major Fritz
Stormer du KG200 et le major Schacht de
l’état-major du Général Strudent, « le père des paras »,
sélectionnent les volontaires. Les parachutistes sont transférés à Dedelstrof
pour commencer leur entraînement. Ils utilisent des DFS230 comme transport
aéroporté, chaque planeur comprend un groupe de combat de 9 hommes armés d’une
mitrailleuse à tir rapide Mg42, du nouveau fusil d’assaut le Stg 44, ainsi
qu’un fusil Mauser équipé d’une lunette de précision. La nouvelle unité
comprend environ 350 hommes. La formation est très éprouvante physiquement et
mentalement, le dernier test consiste à trois jours d’exercices de combat sans
manger, chaque soldat qui ne résiste pas jusqu'à la fin est exclu de l’unité
« car d'aucune utilité pour nous ».
A la fin du
mois de mai, les parachutistes sont prêts pour l’action. Suite à un désaccord
avec son supérieur, le major Jungwirth est remplacé par le Hptm Gunther Hurlin
le 11 juillet 1944. Le lieutenant
Schäfer, précipitamment convoqué le 8 juin pour prendre le commandement,
l’unité devient le « Kampfgruppe Schäfer » groupe de combat Schäfer,
renommé 7éme escadrille du KG200 (7./ KG200) pour être conforme à la
désignation d’une unité de la Luftwaffe. L’unité est placée à la disposition de
la Luftflotte 3 dont l’état-major est à Paris. Son supérieur, l‘Oberst Heinrich Heigl lui assure que l’unité sera
déployée comme un commando d’élite pour des opérations spéciales, la première
mission prévue est l’attaque de la célèbre base maritime de la Royal Navy à
Scapa Flow. Mais son histoire sera bien différente, même funeste.
Schäfer a 25
ans en 1944, un vif et ambitieux officier.
Il entre dans la Luftwaffe le 9
novembre 1938 et commence l’entraînement de parachutiste. Membre du
Sturmabteilung Koch, il participe à l’attaque contre l'un des trois ponts sur
le canal Albert le 10 mai 1940, il est blessé durant l’assaut. Au mois de mai
1941, il est engagé dans l’invasion de la Crète. Il est une seconde fois blessé
et fut l’un des premiers à être évacué de l'île. Il est décoré de la Croix
allemande en or le 9 avril 1942. Schäfer est promu Oberleutnant en août 1942.
Officier au Fsch. Jg.Rgt .5, il est une troisième fois blessé en Tunisie le 12
février 1943. Il rejoint le KG 200 en novembre 1943. Plusieurs Fallschirmjäger très
expérimentés ont été aussi transférés au KG200, notamment l’Oberleutnant
Wilhelm Kempke qui a reçu la Ritterkreuz d'action en Crète. Schäfer a très
certainement participé à la sélection des hommes en vue de l’opération
aéroportée sur le Vercors, peut-être même plusieurs d’entre eux avaient
participé aux opérations précédentes sous son commandement.
Il a souvent été écrit que les volontaires parachutistes du groupe Schäfer étaient des soldats ayant eu des comportements disciplinaires douteux, mais aussi aucune expérience du combat, dont la seule échappatoire était de rejoindre cette unité, pour laver leur honneur… ….
Peut - être que cette version vient du cinéma, avec le film « Les
Douze Salopards » de Robert Aldrich en 1967, où une unité spéciale
américaine est formée à partir de soldats condamnés à mort, pour une mission
suicide en échange d’une amnistie….. Cela permet aussi d’expliquer et de mieux
comprendre leur comportement au vu des crimes de guerre commis contre la
population de Vassieux….
La découverte récente d’une photo de parachutistes du KG 200 à Lyon
ayant participé à l’action aéroportée sur Vassieux, ainsi que la photo portrait
d’un des hommes figurant sur la photo, ont permis une étude uniformologique qui
confirme clairement que ce sont des soldats ayant une grande expérience du
combat avec plusieurs décorations. Il est évident que dans une unité spéciale,
la cohésion et l’esprit de discipline est profond. On est loin d’une unité avec
des soldats indisciplinés dont la rédemption passe uniquement par l’assaut
contre un Maquis.
Parachutistes du 7/. KG 200 à Lyon après les combats : « Avec mes camarades de ma section à Lyon après une opération contre les terroristes dans le Vercors août 44 » |
Karl Heinz est le personnage de gauche, sa photo portrait est daté de 1941. L’étude uniformologique indique clairement que ce sont des parachutistes ayant une grande expérience du combat.
Si effectivement un certain nombre de parachutistes provient du dépôt disciplinaire « Luftwaffe Jäger-Bataillon zbV », comme indiqué dans les différentes sources citées, il faut relativiser cette information car ce sont des soldats ayant commis des infractions disciplinaire mineures.
Le 14 juillet 1944 les parachutistes du KG200 sont transférés de Nancy à Lyon, où Schäfer est mis au courant de l’importante mission de la destruction du maquis du Vercors, par le général Niehoff, commandant des troupes d’occupations du sud et par le lieutenant colonel Werner Knab, commandant le sipo/Sd de Lyon.
Extrait du carnet dont le
propriétaire est un parachutiste sanitaire détaché au groupe Schäfer le 13
juillet 1944. L’annotation indique
bien le KG200 et L.S pour « Lastensegler » (planeur). Sans
doute tué dés le début de l’attaque, son carnet fini le 21 juillet. Sa perte a
du être très importante, lorsque les parachutistes seront retranchés dans les
ruines de Vassieux. Ce carnet fait
partie de la collection du Musée Départemental de la Résistance de Vassieux.
Le carnet provenant d’un parachutiste sanitaire est particulièrement intéressant, car les annotations inscrites entre le 13 et 20 juillet fournissent la preuve irréfutable qu’il est transféré au KG200, aérotransporté par planeur le 14 juillet 1944 de Nancy à Lyon, un vol de 5 heures. Du 15 au 19 juillet il est en repos à Lyon et ce n’est que le 20 juillet qu’il se prépare en vue de l’action du lendemain. Ces informations me laissent à penser que l’ensemble des planeurs de l’attaque du 21 juillet ainsi que les troupes sont transférés le même jour.
Mais est-ce le cas pour les
planeurs du 23 juillet ?
Les planeurs
sont préparés pour l’opération dans la journée, ceci est fait par la mise en
place de fusée et parachute de freinage afin de réduire la course au sol lors
de l’atterrissage. Depuis quelques semaines des essais de parachutes ont été
entrepris à Dedelsdorf. Le parachute est de couleur kaki d’un diamètre de 17 m
avec une ouverture de 4m.50, attaché au DFS230 par une corde de 21 mètres de
long. Les pilotes font leur approche avec un angle de 60°, ouvre le parachute à
environ 300 mètres, puis se positionnent à l’horizontale et font la ressource a environ 9 mètres.
Les pilotes
ont été méticuleusement mis au courant de la configuration du terrain à l’aide
de photographies prises seulement quelques jours plus tôt.
Le commandant
de l’unité, Freidrich Schäfer a parlé à ses parachutistes. Il a très
certainement décrit les partisans comme des francs- tireurs, à ne pas traiter
en soldats réguliers. Il a ordonné à ses hommes d’attaquer et de brûler tous
les bâtiments qui pourraient abriter les « terroristes » sans
chercher, si oui ou non, ils sont occupés par des civils. Sans aucun doute, il
a cité un des dix commandements d’Hitler pour les parachutiste « Contre
un ennemi qui combat à visage découvert, battez-vous avec chevalerie. Mais à la
guérilla, ne faites point de quartier. »
L’Oberleutnant Schäfer a ensuite reçu le Ritterkreuz (croix de
chevalier de la croix de fer) pour son « courage et commandement », à
Vassieux. Il a également été plus tard promu Hauptmann (capitaine) le 1er
décembre 1944.
Oberleutnant Friedrich Schäfer 1919-1992, la
présence autour du cou de la croix de chevalier de la croix de fer indique que
la photo est prise après les combats de Vassieux. Il est le seul allemand
décoré de cette prestigieuse croix pour une « opération anti-partisane »
en France durant le conflit.
Le groupe Schäfer n’est pas la seule unité aérotransportée dans la
première vague, il est aussi accompagné d’éléments du Sipo/SD commandé par le
SS-Obersturmbannführer Werner Knab, supérieur direct du sinistre Klaus Barbie,
celui-ci veut prendre part personnellement à cette dangereuse mission pour
prouver, à la Wehrmacht, que lui et le Sipo/SD peuvent tout autant, et sinon
mieux, combattre que les soldats de l’armée allemande. Il est difficile de
connaître les différentes responsabilités dans le massacre de la population
civile, même si le Sipo/SD dirige certainement des atrocités. Cela est plus de
la responsabilité individuelle, avec la passivité ou une participation active
de plusieurs soldats, même gradés. L’inscription au dos de la photo prise à
Lyon, « mes camarades de mon unité à Lyon après l’opération terroriste au
Vercors » indique clairement la totale impunité de ces hommes.
Le 21 juillet 1944 au matin, les 22 planeurs tractés par les
bombardiers décollent du terrain de Lyon Bron pour un vol de 150 km pour
Vassieux. Ils volent en direction du sud en descendant la vallée du
Rhône, puis prennent la direction
du nord-est par la vallée de la Drôme, à 2500 mètres d’altitude, passent
au-dessus du But de Nève (1656 m) pour arriver dans l’entrée sud de Vassieux.
Les câbles tracteurs sont décrochés à environ 8km des zones d’atterrissages. Il
est 8h30, la surprise est totale. Les travailleurs matinaux, présents sur le
terrain Taille-Crayon afin de le niveler,
sont surpris et croient à l’arrivée, tant attendue, des troupes alliées.
Un premier groupe de 7 planeurs
plongent brusquement sur le nord de Vassieux, deux se posent au hameau Le
Château, deux à La Mûre et trois à Jossaud. Deux parachutes de freinages ne fonctionnent
pas, mais les pilotes réussissent à se poser sans casse.
A La Mûre où, après une marche de nuit, une trentaine de Résistants
dorment sous la protection de deux sentinelles seulement, tous sont attaqués
par le commando allemand. La plupart des hommes sont tués avant qu’ils ne
puissent utiliser leurs armes. Certains réussissent à se cacher, mais ils sont
brûlés vifs là où ils avaient trouvé refuge. Deux résistants sont fait
prisonniers, et subissent des atrocités. Ce sont « les pendus de La Mûre »,
photographiés après les combats par l’équipe de Jean Veyer de Die qui arrive
début août au village. Leur agonie dans des souffrances insoutenables symbolise
souvent la barbarie nazie dans le Vercors.
L’étui
au centre fut retrouvé à La Mûre en 2015, c’est sans doute un des premiers tirs
du KG 200. Elle se trouve entouré par les cartouches les plus utilisées par les
Allemands. La 7.92 Kurz est le bon compromis pour les armes légères
d’infanterie. Elle est le précurseur des armes militaires utilisées
aujourd’hui. Il est important de souligner que le groupe Schäfer possédait un
armement particulièrement redoutable. A la même période en Normandie, les
parachutistes allemands sont armés du classique fusil Mauser
Le hameau de
La Mûre en 1946 (IGN)
Le hameau Le
château
Le Hameau de
Jossaud
Si les premiers éléments aéroportés ne subissent pas de pertes dans les
hameaux, à Vassieux même, la surprise n’est plus à leur avantage. Le tir des
armes automatiques des Résistants sont la cause de la perte de deux planeurs
pilotés par les sous-officiers Pyritz et Rink ainsi que leurs équipages. Les
premiers parachutistes tués sont le Stabzarts / Dr Max Burkard, officier médecin du groupe Schäfer, le
Sanitätsunteroffizier / infirmier Peter
Knab. Très certainement l’ensemble de la section médicale est tuée dans le même planeur, perte importante
sinon vitale pour les blessés de la compagnie. Le reste des planeurs de
l’attaque se pose près des maisons du village de Vassieux, les pilotes de
planeurs font feu avec leurs mitrailleuses de bord afin de protéger la
progression des hommes de Schäfer qui se dirigent vers les maisons en tirant
avec leurs fusils d’assaut Stg44 et lançant des grenades. En -quelques minutes
une douzaine de travailleurs du terrain de parachutage « Taille-Crayon » est abattue et
une vingtaine de civils perdent la vie. Arrivés dans les ruines du village,
plusieurs civils et Résistants sont tués après un bref échange de tir. Le
groupe de Schäfer prend position dans le village et défend celui-ci en
utilisant toutes les armes automatiques, en particulier les mitrailleuses Mg42,
bloquant ainsi tous les accès menant à Vassieux. Néanmoins, au soir du 21
juillet, les parachutistes ont perdu 19 soldats et 29 sont blessés, ce qui
représente ¼ de l’effectif. Werner Knab est lui-même blessé aux jambes.
Côté allié, le deuxième escadron du 11ème Cuirassiers du Capitaine
Haezebrouck est la seule unité armée à Vassieux. En début d’après-midi, le
capitaine dirige une contre- attaque qui atteint les premières maisons.
L’assaut est stoppé par le tir des mitrailleuses, le capitaine Haezebrouck est
tué ainsi que onze de ses hommes.
Le centre d’entraînement de l’armée française en combat urbain indique,
en 2015, qu’il faut entre 8 à 10 fois plus d’assaillants entraînés pour arriver
à éliminer des soldats retranchés dans un village. En prenant en compte cette
information il aurait fallu entre 1400 à 1800 Résistants, sans compter les pertes,
pour arriver à nettoyer Vassieux. De plus il faut aussi retenir que l’assaut
doit être donné à découvert, avec le
risque de tirs éventuels d’avions ennemis.
Le reste de la journée les ruines du village sont maintenues sous le
tir constant des armes automatiques. Les hommes de Schäfer ont atteint leur
objectif, mais ils sont sur la défensive, ils ont besoin d’armes lourdes
d’infanterie : en effet les lance- grenades sont inefficaces contre les
positions des Résistants se trouvant dans les zones boisées autour du village,
les grenades explosant au-dessus des arbres ou dans les branches mais pas au
sol.
Plus tard dans la journée, avec un effectif de 400 hommes ainsi que
quinze soldats américains, du commando « Justine », parachutés
quelques semaines plus tôt, une seconde attaque des Résistants est lancée, mais
n’arrive pas à bousculer les défenses ennemies. Les parachutistes réalisent des
signaux au sol, demandant de l’aide. Les avions de l’escadrille Bongart basé à
Chabeuil, parachutent vivre et munitions
dans l’après midi du 21 juillet.
Nous savons
donc que dès l’après midi du 21 juillet, Schäfer et ses hommes sont dans une
position difficile et demandent de l’aide. Les archives militaires allemandes
indiquent que 52 bombardiers Do 17 et 187 planeurs DFS 230 du Llg1 étaient
disponibles pour les « opérations anti-partisanes ». Il est souvent
écrit que la seconde vague de planeurs ne put être réalisée le même jour, ceci
à cause du manque de bombardiers Do17 pour tracter l’ensemble des planeurs et/ou
le mauvais temps le jour d’après. Les archives semblent indiquer que ce n’est
pas le cas.
Si, effectivement, c’était la
raison, pourquoi n’avoir pas fait deux rotations le même jour ?
La réponse
semble être la volonté de Schäfer : vouloir combattre uniquement
accompagné de ses hommes entraînés à l’extrême. Son groupe avait cette
mission : la plus grande opération militaire aéroportée allemande contre
un maquis en Europe de l’ouest. Pour lui, très certainement trop confiant,
arrogant et nourri d’idéologie nazie, seule son unité pouvait remporter la
victoire et lui permettre de gagner encore une médaille, comme disent certains
anciens combattants allemands à propos d’officiers ambitieux « son cou
devait le démanger »…
Le 22
juillet le mauvais temps, avec des nuages de la pluie et du vent, ne permet pas
une aide conséquente aux Allemands retranchés dans Vassieux, seuls quelques
containers de vivres sont parachutés. Pourtant 67 sorties sont effectuées ce
jour-là par les avions du groupe Bongart et bombardent le village de Saint-
Julien.
Durant la journée du 22 juillet, le temps s’éclaircit sur la vallée du
Rhône, des planeurs DFS 230 tractés par des bombardiers Do 17 sont transférés
de Lyon-Bron à Valence-Chabeuil. Sans doute la situation à Vassieux aurait été
différente pour les Résistants si les alliés avaient à ce moment-là bombardé le
terrain de « La trésorerie ». L’attaque des terrains du sud de la
France s’inscrit dans le cadre du débarquement
de Provence, mais absolument pas dans l’aide à la Résistance. Tout comme
les parachutages d’armes par les alliés
constitués d’armements légers, essentiellement destinés à la guérilla.
Le Vercors est un maquis parmi tant d’autres en France, mais aussi en Europe.
Le « plan Montagnards » est avant tout « une affaire franco –
française », où le service action de la France Libre, le BCRA, et les
bureaux de Londres et d’Alger, n’ont fait que des promesses verbales, créant et
surtout alimentant une illusion sur l’importance du Vercors dans la stratégie
alliée dans la libération de notre pays.
Le groupe Léo Rostand (à gauche sur la photo) du
« maquis Pierre » présente le mortier de 2 pouces anglais. On distingue le fusil anglais Lee Enfield, les
torpilles du mortier ainsi que les grenades d’origine américaine. Photo prise
sans doute dans le secteur de La Beaune Cornillane à l’été 44.
Le mortier de 2 pouces peut envoyer une torpille
explosive d’un poids d’environ un kilo avec un diamètre de 51mm, à une distance
de 450 mètres. Après guerre il servira à propulser des torpilles fumigènes ou
éclairantes et restera en service dans l’armée britannique, jusqu’à la fin des
années 80.
Un troisième assaut est donné par les Résistants vers 2 heures du matin
le 23 juillet, Les parachutistes utilisent des fusées éclairantes découvrant
les attaquants qui tentent d’atteindre le village en terrain découvert. Les
silhouettes qui se dessinent dans la nuit sont des cibles trop faciles pour les
mitrailleuses allemandes. L’assaut est une nouvelle fois un échec. Le capitaine
Maurice Bourgeois note dans le journal de l’unité, que l’attaque n’a pas
atteint l’objectif par « manque de coordination dans la manœuvre ».
Pourtant le 23 juillet au matin, la situation de Schäfer n’est pas du
tout dans la perspective d’une victoire facile. Si les Résistants sont fatigués
et démoralisés, les Allemands le sont aussi. Si aucune aide aérienne ou
terrestre n’arrive, la situation pourrait être désastreuse.
Pourquoi
avoir transféré les planeurs de Lyon à Valence le 22 juillet ?
Nous avons pu lire que les planeurs de la première vague ont été
transférés le 14 juillet, avec à leur bord sans doute les parachutistes de Schäfer.
Pourquoi les appareils du 23 juillet ne sont- ils pas partis directement de
Lyon avec les équipages ?
La réponse peut se trouver dans les
découvertes des plaques d’identité de soldats ukrainiens du 3ème
régiment « Freiwilligen-Stamm-Regiment 3 ».
Une fut découverte dans
la « fosse 2012 » à Montjoux, l’autre fortuitement en 2009 dans la
même zone. Ce régiment, dont la garnison se trouve à Mâcon, est positionné
depuis l’opération Bettina dans le secteur ouest des contreforts du Vercors
dans la perspective de l’encerclement. Ce régiment d’infanterie est équipé et
armé avec du matériel allemand et dispose de mortiers qui font défaut aux
parachutistes dans Vassieux.
Il est fort probable qu’aucune unité n’était disponible sur Lyon. Le
régiment ukrainien est sans doute la seule unité d’infanterie disponible dans
le secteur de Chabeuil. C’est logiquement qu’une compagnie de ce régiment, avec
des mortiers, est transférée de leur zone d’action vers le terrain de Valence
Chabeuil « La trésorerie », en vue d’être embarquée dans les planeurs
de la seconde vague. Le 23 juillet au matin c’est finalement une vingtaine de
planeurs tractés par les bombardiers Do17, qui prennent la direction du
Vercors. Il est aussi fort possible que la cinquantaine de parachutistes gardés
en réserve sont aussi embarqués pour guider les Ukrainiens, avec aussi quelques
Français collaborationnistes du Sipo/Sd. Trois planeurs n’atteignent pas
Vassieux : un se pose au col d’Ancise, un autre s ‘écrase près
de Montjoux / La Paillette. A Marignac
en Diois, suite à la rupture du câble tracteur un planeur doit atterrir,
l’équipage est récupéré par l’infanterie allemande. Celui du sous-officier
Metzen, après avoir été pris dans un câble électrique, s’écrase au sud du
hameau de La Mûre, la majorité de l’équipage décède dont le Obergefreiter
Fessner Ernst, soldat de nationalité allemande, de la 3./ Freiwilligen-Stamm-Regiment 3.
Deux autres planeurs Gotha 242 du Llg2 atterrissent le même jour
transportant l’armement lourd. Un troisième Gotha sera largué le 24 juillet
avec une pièce de 20mm. Cette pièce de canon anti-aérienne donnera au groupe Schäfer la suprématie
totale. L’ordre de dispersion arrive aux maquisards survivants en fin
d’après-midi le 23 juillet 1944.
Durant la même période, un Fieseler Storch et plus tard un Ju52
atterrissent sur la route entre le village de Vassieux et le hameau de La
Mûre mais aussi sur le terrain
« taille crayon ». Ils évacuent
les parachutistes blessés mais aussi Werner Knab, qui sera tué,
semble-t-il, lors d’un bombardement en février 1945.
Le 25 juillet, les chasseurs alpins allemands, les « Gebirgsjäger », font la jonction avec les parachutistes de
Schäfer. Vassieux est en ruine à 97%, 73 habitants et 91 Résistants ont été
tués.
Bien que l’histoire militaire du Vercors ne soit pas encore terminée,
l’attaque allemande aéroportée est finie. Les Résistants survivants bien que
dans une situation délicate, prendront leur revanche à la mi-août lors de la
libération de la Drôme.
Biolley Philippe © 2016 modification juillet 2024
Source informations W.Kempke / F.Schäfer :
http://www.ww2.dk/lwoffz.html
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